FACTEURS ET GESTION DES RISQUES
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Le Groupe serait dès lors exposé à un risque de marché, sa capacité
à lever des fonds propres additionnels auprès de ses actionnaires
étant dépendante de la situation générale des marchés de capitaux
d’une part, et de l’appétit des investisseurs à financer la croissance
de Neoen à travers des augmentations de capital, d’autre part.
3.1.3 RISQUES LIÉS À LA SITUATION
FINANCIÈRE DU GROUPE
Risque lié au niveau de levier et au mode
de financement du Groupe
Au 31 décembre 2023, l’endettement financier consolidé du Groupe
atteignait 3 804,1 millions d’euros, dont 2 921,5 millions d’euros de
dettes de financement de projets contractées par les sociétés de
projets ou par des holdings intermédiaires, 73,9 millions d’euros
de financements juniors de projets et 424,0 millions d’euros11 de
financements corporate contractés par la Société. Les 384,6 millions
d’euros restants correspondent (après application de la norme IFRS
16) à des dettes locatives (314,7 millions d’euros), aux avances en
comptes courants octroyées aux sociétés de projets ou holdings de
sociétés de projets par des actionnaires minoritaires (54,9 millions
d’euros) et aux instruments financiers dérivés de taux passifs
(15,0 millions d’euros). Pour une description de l’endettement du
Groupe, se référer au paragraphe 2.5.4 «passage de l’endettement
financier consolidé à la dette nette» du présent document.
Dans le cadre du financement de ses projets, le Groupe a recours
à un effet de levier important lui permettant de limiter son apport
en fonds propres. Au 31 décembre 2023, le ratio de levier du
Groupe, défini comme le rapport entre sa dette nette et son
EBITDA ajusté (calculé sur la période des 12 derniers mois) était
de 5,6x (se reporter au paragraphe 2.1.5 «ratio de levier» du
présent document). Les objectifs à moyen terme du Groupe, y
compris son objectif de ratio dette nette/EBITDA ajusté compris
entre 8 et 10 à horizon 2025, supposent un ratio de levier financier
supérieur à 70%10 du capital investi en tenant compte de tous
les financements, qu’ils soient corporate ou mis en place au
niveau de sociétés de projets dédiées, sous forme de dette senior
ou mezzanine. Le financement des projets ainsi mis en œuvre
par le Groupe implique par conséquent un recours important à
l’endettement au niveau des sociétés de projets, ce qui comporte
les risques détaillés ci-dessous et au paragraphe 3.2.2.4 «gestion
des risques financiers» du présent document. Par ailleurs, le
Groupe pourrait ne pas être capable de maintenir un niveau de
levier nécessaire pour atteindre ses objectifs de croissance pour
différentes raisons dont une poursuite de la hausse des taux
d’intérêts en cours actuellement, ou un maintien durable des taux
d’intérêts à des niveaux élevés, ou encore une exigence plus
élevée d’apport en fonds propres par les prêteurs, notamment du
fait d’une proportion plus grande de ventes aux prix de marché de
l’électricité produite par une centrale ou d’une diminution des prix
de gros de l’électricité sur le marché. Ceci nécessiterait un recours
plus important à ses actionnaires pour répondre aux besoins en
capitaux propres du Groupe.
Si une société de projet, ou sa société holding, devait manquer à ses
obligations de paiement au titre de ses contrats de financement (par
exemple, en raison d’un événement imprévu ou d’une détérioration
de sa situation financière) ou ne pas respecter certains ratios
minimums de couverture du service de la dette (minimum debt
service coverage ratio), cette défaillance pourrait rendre la dette
du projet immédiatement exigible. En l’absence d’une renonciation
(waiver) ou d’un accord de restructuration de la part des prêteurs,
ces derniers pourraient être en droit de saisir les actifs ou les titres
remis en garantie (notamment la participation du Groupe dans la
filiale qui détient l’installation).
Pour plus d’informations relatives au non-respect des covenants
de certains financements de projet, le lecteur est invité à se
reporter au paragraphe ci-dessous « risque lié aux clauses
spécifiques des contrats de financement (covenants)».
A l’occasion de son Capital Markets Day du 1er mars 2023, le Groupe
a indiqué que le financement de son plan d’investissement pour la
période 2021-2025 nécessitait des apports en fonds propres estimés
à un montant maximum de 1,35 milliard d’euros, dont 750,4 millions
d’euros ont été levés dans le cadre d’une augmentation de capital
réalisée en mars 2023, faisant suite à une première augmentation de
capital réalisée le 9 avril 2021 à hauteur de 599,0 millions d’euros.
Cet apport en fonds propres s’est inscrit dans le cadre d’une
extension de son plan à des investissements dans des installations
de stockage dédiées ayant une durée d’autonomie plus importante
par rapport à ses hypothèses initiales (en moyenne 2h contre 1 à
1,5h précédemment), et donc un coût d’investissement supérieur. Le
niveau de levier de ces installations de stockage dédiées, lorsqu’elles
sont finançables par endettement externe, est en effet très nettement
inférieur à la moyenne des autres actifs du Groupe, eux-mêmes
financés au moyen de financements de projets dédiés.
S’agissant de la Société, un cas de manquement à ses obligations
de paiement au titre de ses financements corporate, ou un cas de
non-respect des ratios financiers prévus dans le cadre du crédit
syndiqué initialement mis en place en mars 2020 et refinancé
en février 2024, rendraient l’ensemble de ces dettes corporate
immédiatement exigibles.
En outre, la défaillance d’une société de projet ou d’une société
holding dans le remboursement de son endettement pourrait
affecter sa capacité à verser des dividendes au Groupe, à payer les
frais et intérêts et rembourser les prêts intragroupes et à procéder
à toute autre distribution de liquidités, l’entité défaillante ayant
généralement interdiction de distribuer des liquidités. Il en résulterait
probablement une perte de confiance des clients, des prêteurs
ou des cocontractants du Groupe, ce qui affecterait de manière
défavorable l’accès du Groupe à d’autres sources de financements
pour ses projets.
Au-delà de cette évolution récente à caractère spécifique, une
diminution du niveau de levier en deçà des hypothèses retenues par
le Groupe ou une exigence plus élevée d’apport en fonds propres au
niveau des sociétés de projet sont susceptibles d’affecter à l’avenir
à la hausse ce besoin d’apports en fonds propres, d’ici à l’horizon
d’exécution de son plan d’investissement 2021-2025.
Enfin, en cas d’insolvabilité, de liquidation ou de réorganisation de l’une
des sociétés de projets, les créanciers (y compris les fournisseurs,
les créanciers judiciaires et les autorités fiscales) auraient droit au
paiement intégral de leurs créances à partir des revenus produits
par les installations, avant que le Groupe ne soit autorisé à recevoir
une quelconque distribution provenant de l’installation concernée.
10 Au 31 décembre 2023, ce ratio de levier s’élevait à 65 % du fait de décalages dans la mise en place de certains financements de projets, notamment en Australie, et
dans l’attente du refinancement du crédit syndiqué intervenu en février 2024. Se reporter à la section 4.1 – notes 20.2 et 22.5 du présent document.
11 Ce montant correspond à la composante dette, nette de frais, des émissions d’obligations convertibles « OCEANEs Vertes », considérées comme des instruments
composés selon les normes IFRS. Leur montant nominal s’élève à 470 millions d’euros. Le lecteur est invité à se reporter à la section 4.1 – note 18 du présent
document pour plus d’informations.
DOCUMENT D’ENREGISTREMENT UNIVERSEL 2023
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